Construction Longer: virage numérique pour une industrie plus innovante
Résumé
Construction Longer a réalisé près de 4 000 projets de construction depuis sa fondation en 1979. L’entreprise de Sherbrooke, qui compte 200 employés, travaille dans les secteurs commercial, industriel et institutionnel, ainsi que dans celui des travaux civils.
Dans un souci de gagner en efficacité et en performance, les dirigeants de Construction Longer ont décidé d’accélérer leur démarche d’innovation. Pour Pierre-Luc Auclair, qui a pris la direction de l’entreprise en 2020, il y avait une volonté de contribuer à l’innovation dans l’industrie de la construction, elle qui est en queue de peloton en matière d’adoption des technologies. Le virage était d’autant plus nécessaire que les grands donneurs d’ordre imposent de plus en plus l’intégration de la méthode BIM (pour Building Information Modeling) qui permet la modélisation des projets de construction. En plus d’être convaincu du bien-fondé de cette méthode dans l’exécution des travaux, Pierre-Luc Auclair était persuadé que son adoption assurerait la pérennité de l’entreprise.
Apprentissages clés
1. Investir dans la transformation numérique: ne pas oublier les coûts indirects
La transformation numérique est nécessairement synonyme d’intégration de nouvelles technologies. S’il est relativement facile d’estimer les coûts d’acquisition, il en va tout autrement pour l’investissement nécessaire à l’implantation des solutions, au recours à des consultants externes ou à la formation des employés, entre autres. « Les coûts indirects sont très difficiles à quantifier parce qu’il est pratiquement impossible de connaître à l’avance le temps et les efforts requis à la progression de notre transformation, explique Alex Lalumière, responsable de la pratique numérique et BIM. Il faut néanmoins en tenir compte dans l’estimation des coûts. »Pour éviter de faire gonfler la facture, il ne faut pas hésiter à « tirer la plogue » quand une solution n’apporte pas les bénéfices escomptés. « Ce n’est pas toujours facile, mais il faut être capable de prendre la décision qui s’impose. S’obstiner ne fera que rendre le projet encore plus coûteux pour rien », ajoute-t-il.
2. Créer des outils pour faciliter l’adoption des nouveaux processus numérisés
Documentation, vidéos, formation, soutien technique… Construction Longer a fourni tous les outils nécessaires pour rallier ses équipes à la transformation numérique de l’entreprise. Il s’agit d’un élément essentiel pour que les employés adoptent avec succès les nouvelles pratiques. Construction Longer a pu compter sur des membres de l’équipe qui ont agi comme des ambassadeurs pour démontrer concrètement les avantages de la numérisation, ce qui a permis de vaincre la résistance au changement. Rapidement, les employés ont compris que l’adoption de nouvelles façons de faire visait à simplifier leurs tâches et à les rendre plus efficaces au travail.
« Ces outils ont aussi été utiles pour aider nos nombreux partenaires externes à prendre le virage. Ils pouvaient nous contacter au besoin s’ils avaient de la difficulté à utiliser les nouvelles solutions. Nous nous sommes également assurés de faire des suivis réguliers avec eux », explique Alex Lalumière.
3. Bien structurer l’information, une étape fondamentale
L’un des grands avantages de la méthode BIM est la centralisation de l’information liée à un projet de construction. L’un des premiers défis pour Construction Longer a été de bien structurer cette information pour favoriser l’interopérabilité entre les différentes plateformes numériques. Il a d’abord fallu standardiser la saisie de données — relatives à un client ou à un projet, par exemple — pour que les informations puissent facilement être amalgamées et récupérées. C’était d’autant plus un enjeu que les modélisations provenaient de firmes de professionnels (architectes, ingénieurs, etc.) que le constructeur devait ensuite intégrer à ses systèmes. La numérisation des processus internes a également été normalisée. Comme l’ouverture d’un projet touche un grand nombre de personnes, il a fallu déterminer une feuille de route plus facilement adoptable par les personnes concernées.
Le défi
Pour Construction Longer, adopter des pratiques innovantes était la voie à suivre pour améliorer sa productivité et assurer sa croissance à long terme. C’était aussi une façon d’aider l’industrie à améliorer ses façons de faire, en inspirant le changement auprès de ses partenaires.
La solution
Tout a commencé par un diagnostic 4.0 qui a permis à l’entreprise de voir où elle se positionnait en matière de technologies et de déterminer ses grands axes de développement. Elle en a choisi deux : la centralisation des données et la modélisation et la gestion de l’information. Son objectif était de faciliter l’accès à l’information et son partage aux équipes autant à l’interne qu’à l’externe. L’entreprise voulait aussi améliorer l’analyse de ses projets en cours et en simplifier le suivi en temps réel. Pour faciliter la transition, la direction a également décidé d’embaucher une personne qui se consacrerait à la transformation numérique afin notamment de procéder à l’analyse des différentes solutions sur le marché et de veiller à leur mise en œuvre.
L’application
L’entreprise a d’abord mis en place des projets pilotes pour permettre aux équipes d’apprivoiser le changement avant une exécution à plus large échelle. Un des premiers projets pilotes concernait la construction d’un bâtiment sur un complexe universitaire. Les utilisateurs ont pu ainsi se familiariser avec les différentes étapes, déceler les pierres d’achoppement et y remédier au fur et à mesure.
Même si sa transformation numérique est loin d’être terminée, Construction Longer en retire déjà plusieurs avantages : accès simplifié à l’information grâce à la centralisation des données, interopérabilité des plateformes internes, analyse plus détaillée des situations se présentant en cours de route qui facilite la prise de décisions (agir sur des faits plutôt que sur des impressions), meilleur rendement des équipes et plus encore. Quant à la méthode BIM, elle permet une détection des problèmes en amont et l’élaboration de processus itératifs pour trouver des solutions avant d’arriver sur le chantier. Un bon exemple des améliorations obtenues : grâce à la modélisation, le nombre de demandes de changements pour des erreurs ou des omissions lors de la conception des plans a chuté de 95 %.
Pour Construction Longer, l’adoption de technologies numériques s’intègre au virage vert de l’entreprise. « La construction virtuelle nous permet de mieux gérer nos approvisionnements en matériaux et d’éviter le gaspillage. Nous avons également amélioré notre gestion des matières résiduelles. Cette approche a favorisé l’adhésion de nos équipes au numérique. Les employés ont pu constater que ce n’était pas qu’une question de changer nos pratiques d’affaires, mais aussi de réduire l’impact environnemental de l’entreprise et de créer de la valeur pour la société », affirme Pierre-Luc Auclair, président-directeur général de l’entreprise.
Les étapes clés d’une démarche d’innovation
- Définir les cibles d’innovation.
- Se doter d’un plan d’action.
- Cerner les problématiques susceptibles d’entraver la démarche et y remédier.
- Choisir son portefeuille de projets.
- Déterminer des livrables réalistes pour chacun.
- Trouver le financement nécessaire pour réaliser les projets.
- Développer les projets retenus.
Les conditions de succès
Découvrez les alliés
Productivité Innovation
Cette initiative d’Investissement Québec offre l'accompagnement technologique et stratégique, ainsi que du financement pour les entreprises ayant des projets innovants, que ce soit en matière d’automatisation, de numérisation, de robotisation et d’intelligence artificielle. Elle succède au programme Manufacturiers innovants.
Pour plus d’information, visitez le site officiel.
Le Regroupement des entreprises en automatisation industrielle
Le REAI aide les entreprises qui sont à la recherche de solutions d’automatisation. Il vient de lancer l’Usine bleue, une plateforme web qui favorise le jumelage intelligent avec des fournisseurs pouvant les soutenir dans leur démarche d’innovation.
Pour plus d’information, visitez le site officiel.
Le Groupe BIM du Québec
Cet organisme à but non lucratif a pour mission de promouvoir et de soutenir la transformation numérique de l’industrie de la construction par la mise en place de groupes de travail voués entre autres au développement des connaissances. Il participe également au lancement d’appels à projets d’amélioration chez des entrepreneurs dans le cadre de l’Initiative québécoise pour la construction 4.0, initiative qui vise à accroître la performance de l’industrie de la construction par le virage numérique.
Pour plus d’information, visitez le site officiel.